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© Musée du Louvre / Philippe Fuzeau

Théodore Géricault (1791 - 1824)

1821

Huile sur toile

92 x 123 cm

Paris, Musée du Louvre, inv. n°M.I.708

Le Derby de 1821 à Epsom

        Géricault peint cette œuvre en 1821 lors d'un voyage en Angleterre. Logé à Londres par son ami et mécène, Adam Elmore, un marchand de chevaux, Géricault réalise pour lui cette peinture après avoir assisté à une course hippique appelée “derby”. Le terme derby fait référence à Edward Stanley, douzième comte de Derby, qui crée en 1780 le Derby d'Epsom, puis à partir de 1875, il deviendra surtout synonyme de grande course hippique.

Une course éperdue

     Comme le laisse entendre le titre, la scène représente une course de chevaux. Quatre jockeys à cheval surgissant d’une grande plaine verdoyante et se démarquant d’un ciel chargé et nuageux, tentent de s’accrocher à leurs montures alors que ces dernières galopent à toute vitesse. Le sujet est au centre de la composition et le champ visuel dégagé, ce qui immerge le spectateur dans la scène.

    L'orage naissant, la maigre éclaircie et, de manière générale, la touche trouble de l'artiste évoquent un mouvement rapide. Ce sentiment de vitesse et de mouvement est renforcé par ces corps tout en longueur, les cavaliers et leurs montures occupent plus des trois quarts du tableau : ils s'étendent de tout leur long, lancés à pleine allure, tentant de distancer leurs adversaires. Ils semblent voler au-dessus de la ligne d’horizon et donnent l’impression qu’à peine entrés dans le cadre, il s’apprêtent déjà à en sortir. La course est ainsi suspendue dans le temps et l’espace. Malgré la vitesse, l'artiste arrive cependant à représenter un mouvement en suspens, un moment précis figé dans le temps. Les muscles finement soulignés, laissent deviner l'effort fourni par les montures. 

Convention ou réalisme ?

      Si Géricault arrive à représenter ainsi les chevaux, c'est parce que c’est un cavalier émérite passionné de chevaux. Ces montures sont omniprésentes dans son œuvre, et ce, tout au long de sa vie : que ce soit dans la peinture d'histoire ou des scènes de genre

© Domaine de Chantilly / Adrien Didierjean

 Course à Chantilly

 Pierre Vernet

 1836

 Huile sur toile

 83 x 129 cm

 Chantilly, Musée de Condé

 Cheval au galop

 Eadweard Muybridge (1830 - 1904)

 1878

 Washington, bibliothèque des congrès

Néanmoins, la représentation de l’artiste n’est pas tout à fait exacte. Il représente un « galop volant » : les quatre jambes ne touchent pas le sol ; or le cheval n’a jamais cette position exacte lorsqu’il galope. Représenter un cheval en pleine course de cette manière est une convention de représentation que l’on peut trouver dans la peinture ou dans la statuaire. Ce code de représentation va perdurer jusqu'à l'invention de la photographie. 


C'est notamment grâce à l'anglais Eadweard Muybridge et à la chronophotographie que cela sera rendu possible. A cette époque, grâce aux prises de vues image par image, l'on pourra décomposer le galop du cheval. Eadweard Muybridge et Leland Stanford vont placer vingt-quatre « chambres photographiques » le long d’une piste afin de photographier chaque mouvement de la course de l’animal. Les appareils sont activés au passage du cheval qui rompt une série de ficelles placées en travers de la piste. C’est ainsi que l’on arrive, en 1887, à enfin décomposer avec exactitude le mouvement du cheval au galop à l’aide de la chronophotographie. Sans cette technique, impossible de le décomposer à la perfection.

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