Homme marchant




© Musée du Louvre / Christian Decamps
Assiout (Moyenne Égypte)
Vers 1800 av. J.-C (milieu de la XIIe dynastie)
Bois de tamaris peint
25,7 x 4,2 cm
Paris, Musée du Louvre, inv. n°E 26019
Cette petite statuette égyptienne date de 1800 av. J.-C. Malgré son petit format, l’utilisation du bois permet au sculpteur de tailler minutieusement la figure, bien mieux qu’il ne pourrait le faire dans de la pierre. La polychromie, particulièrement bien conservée, témoigne de l’attention portée aux détails.
La vie après la mort chez les Égyptiens
Le personnage représenté ici était probablement un haut fonctionnaire au service du pharaon, et tenait certainement un sceptre ou un bâton dans sa main gauche, en signe de son autorité. Retrouvée au cours de fouilles à Assiout, en Égypte, dans la tombe du personnage qu’elle incarne vraisemblablement, cette figurine est le témoin d’une période marquée par une nouvelle conception de l’au-delà. En effet, les statuettes funéraires servaient de guides aux défunts dans leur vie après la mort, dans la mesure où les Égyptiens croyaient en une renaissance complète. Ils pensaient également devoir réaliser des corvées agricoles une fois morts. Les statuettes pouvaient ainsi les aider dans leurs tâches, en se substituant au défunt, qu’elle incarne complètement.
La marche apparente : une convention dans la représentation du mouvement
Le personnage sculpté est représenté dans une attitude propre à sa fonction, et ce selon une convention bien précise : la jambe gauche est placée plus en avant que la droite, tout comme le bras gauche, qui se détache d’un corps rigide. Le corps rouge (réservé aux représentations d’hommes), la perruque à forme bombée, la longue jupe blanche, le visage ovale, le menton aplati et les oreilles décollées sont caractéristiques des portraits réalisés sous le règne de Sésostris III, à l’apogée du Moyen Empire. Ce sont donc ces codes qui permettent de dater l’œuvre.
Cette statuette funéraire restitue l’aspect fondamental du mouvement, et donc la capacité du défunt à bouger et à agir. L’homme se tient debout, dans une attitude de marche qui n’est pas naturelle, appelée « marche apparente » : les jambes sont raides, tout comme le dos. Cette raideur est très caractéristique du style classique dans l’Égypte antique. Le sculpteur ne cherche pas à respecter absolument l’anatomie : le pied posé bien à plat au sol, la jambe gauche est tendue en avant, bien trop longue par rapport à la droite. L’artiste ne tente pas en effet de faire le portrait fidèle du personnage qu’il représente : il se conforme à des codes conventionnels qui suffisent à comprendre son statut et son mouvement. L’Homme marchant a donc une fonction magique : il permet au défunt auquel il est associé de ne pas rester figé dans une position statique pour l’éternité et de poursuivre sa vie après la mort.

© Musée du Louvre / Christian Decamps
Femme nue aux pouces cassés
Vers 2000 av. J.-C. (fin de la XIe dynastie)
Acacia (?), bois de tamaris (socle)
60,80 x 13,50 x 22 cm
Paris, Musée du Louvre

Domaine Public
L’homme qui marche
Auguste Rodin
1877-1878
Bronze
86 x 58 x 22,4 cm
New York, Metropolitan Museum
Un pas plus loin ...
À toutes les époques les artistes se nourrissent des représentations anciennes pour renouveler leur création. Ainsi, en 1900, le sculpteur français Auguste Rodin s’inspire de la statuaire antique et ré-utilise la convention de la “marche apparente” pour L’homme qui marche. L’artiste ne respecte pas la véracité du corps marchant puisqu’il choisit d’ancrer le talon gauche au sol, au lieu de le soulever. L’homme n’a ni bras ni tête pour concentrer l’attention sur la dynamique et la puissance du mouvement.