© Musée du Louvre / Stéphane Maréchalle

Filippino Lippi (1457 - 1504)
Vers 1470-1480
Huile sur bois
46 x 126 cm
Paris, Musée du Louvre, inv. n°M.I 501
© Musée du Louvre/A. Dequier - M. Bard
Scènes de l'histoire de Virginie
Ce panneau, peint vers 1470-1480 par l’artiste italien Filippino Lippi illustre le récit de Virginie, dans une composition en frise représentant trois scènes succinctes : son enlèvement, sa condamnation et son décès. Les scènes se lisent de gauche à droite et se déroulent dans un espace unifié, ou il n’y a pas de délimitation de l’espace entre les différentes scènes. Dans ces scènes, les tenus des personnages servent d’indicateurs, puisqu’elles sont similaires pour chaque scène, ce qui nous permet de les identifier.
L’enlèvement de Virginie
Ces scènes se déroulent en 449 avant J.C et représentent l’histoire de Virginie, une héroïne de l’antiquité romaine. Virginie est une jeune femme chaste dont la pureté et la beauté suscite le désir du décemvir Appius Claudius. Cependant, pudique et fiancée à Icilius, un jeune plébéien, Virginie refuse les avances de Appius. Celui-ci va donc tenter de s’emparer de la jeune femme. La première scène à gauche est marquée par l’enlèvement de Virginie. Cinq personnages sont représentés : la nourrice en orange, la servante en bleu et Virginie au centre, vêtue d’une robe beige. Cette dernière est bousculée par son fiancé, Icilius, qui souhaite la protéger de Marcus Claudius, venu l’enlever sur les ordres de Appius, afin de la réduire en esclave. Dans cette scène, le mouvement est rendu dans la gestuelle et la posture des personnages : dos courbés, pieds et mains levés, sens du corps des personnages et drapé des tenues. La position de Virginie montre bien qu’elle tente de prendre la fuite. Ce sentiment de peur est accentué par l’expression des personnages.
Le jugement
La deuxième scène au centre du panneau représente le jugement de Virginie. La scène se passe dans un tribunal, représenté comme un espace clos et fermé sur l’extérieur. Appius Claudius, dans son rôle de magistrat, est chargé de donner le verdict de ce jugement. Il est représenté surélevé, dominant l’auditoire, et est accompagné de douze personnages séparés en deux rangs. Sur la gauche les personnages participent activement au jugement : leur doigt est pointé sur Virginie, et Appius Claudius les regarde.

Zoom sur l'enlèvement de Virginie avec le nom des différents personnages représentés.
Sur la droite sont représentés les défenseurs de la cause de Virginie (dont le fiancé) baissant la tête. Au premier plan deux hommes semblent se battre : cette bagarre apporte de l’action à la scène plutôt maussade, le mouvement est principalement rendu dans cette altercation. Dans cette scène, Appius Claudius rend son verdict et assujetti Virginie à l’esclavage. Cette condamnation est renforcée par le fait qu’il la pointe de son doigt, et l’expression des personnages : Virginie, sa servante et sa nourrice qui pleurent
La mort de Virginie
La dernière scène représente la mort de Virginie. Icilius envoie son frère prévenir Virginius, le père de Virginie, de la situation. Celui-ci revient très vite accompagné de chevaux et de Virginius, qui saisit d’un couteau, attrape sauvagement sa fille par les cheveux et le lui plante dans le coeur, afin de lui éviter le déshonneur et de la « conserver libre ». La nourrice et la servante affolées se jettent littéralement sur Virginius, accompagnant cet élan par des pleurs et des cris ahurissants. Le fiancé derrière est terrorisé et dans la même position que dans la première scène. Le frère de Icilius tente d’empêcher l’acte cruel de Virginius en lui tirant la cape. Les deux chevaux semblent atteints par la cruauté de la scène, puisque l’un baisse la tête, et l’autre détourne son regard. Les couleurs chaudes de la scène et les mouvements de panique des personnages accentuent l’intensité de l’action, la tyrannie et renforcent l’exacerbation des passions.