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© Musée du Louvre / Angèle Dequier

 Giovanni Battista TIEPOLO (1696 -  1770)

 Vers 1743 - 1744

 Huile sur toile

 96 x 79 cm

 Paris, Musée du Louvre, inv. R.F. 2107

Apollon et Daphné

       Cette huile sur toile réalisée par Tiepolo vers 1743 - 1744, est une scène tirée des Métamorphoses d’Ovide, représentant le mythe d’Apollon et Daphné.

Mythe d’Apollon et Daphné

      Apollon après une victoire face au serpent Python, grâce à son arc, se moque de Cupidon et de ses flèches, qui selon lui sont insignifiantes. Cupidon pour se venger tire deux flèches dans des directions opposées, l’une d’or faisant naître l’amour et l’autre en plomb le faisant fuir
La première atteint Apollon et c’est Daphné, la fille du dieu fleuve Pénée, qui reçoit la deuxième. Daphné est une nymphe qui a fait vœu de chasteté et quand Apollon se met à la courtiser, elle fuit. Le dieu la poursuit à travers les bois et au moment où il pense la rattraper Daphné supplie son père de la sauver : celui-ci la métamorphose alors en laurier. Apollon, puisqu’il ne peut plus posséder la nymphe, décide alors que cet arbre sera désormais son emblème et celui des généraux victorieux. Comme Apollon, le laurier restera éternellement jeune, ce qui explique qu’il garde un feuillage toujours vert. 

Une image vaut mille mots

     Dans cette œuvre, Tiepolo a choisi de représenter une synthèse de deux passages précis de l’épisode mythologique : le moment où Apollon pense avoir enfin rattrapé Daphné et le début de sa métamorphose en arbre, comme en témoigne le bout de ses mains se transformant en feuilles et le regard surpris d’Apollon.

La métamorphose de Daphné

      Quatre personnages sont présents dans ce tableau, Apollon et Daphné au centre, puis Cupidon, discrètement accroché à la jambe de Daphné et le dieu Pénée, père de la nymphe et reconnaissable à la rame qu’il tient. Cupidon et lui semblent invisibles des deux personnages principaux, ils ont déjà joué leurs rôles et attendent ce moment où Apollon doit se résigner à la perte de Daphné. Les personnages aux teintes chaudes contrastent avec le fond bleu sombre du ciel et du paysage. Daphné se détache le plus grâce à sa peau blanche et lumineuse et son corps en élévation. Elle est représentée avec un tissu jaune volant autour d’elle, montrant le mouvement de sa course et la manière dont elle se détourne du dieu. Sa position, en suspension sur une jambe donne l’impression qu’elle s’envole et son regard vague peut signifier un détachement face à Apollon, comme si elle n’était déjà plus elle-même. Sur le bout de ses doigts apparaissent déjà des feuilles de lauriers, signe de sa transformation. L’arbre se situant à côté d’elle rappelle cette forme qu’elle est en train de prendre.

Elle est à bout de forces, livide, et, dans sa fuite éperdue, 
vaincue par l'effort, elle dit en regardant les eaux du Pénée : 
« Ô père, aide-moi, si vous les fleuves, avez un pouvoir divin ; [...] 
en me transformant, détruis la beauté qui m'a faite trop séduisante. » 
La prière à peine finie, une lourde torpeur saisit ses membres, 
sa poitrine délicate s'entoure d'une écorce ténue, 
ses cheveux deviennent feuillage, ses bras des branches, 
des racines immobiles collent au sol son pied, naguère si agile, 
une cime d'arbre lui sert de tête ; ne subsiste que son seul éclat. 
Phébus [Apollon] l'aime toujours et, lorsqu'il pose la main sur son tronc, 

il sent encore battre un cœur sous une nouvelle écorce
serrant dans ses bras les branches, comme des membres, 
il couvre le bois de baisers ; mais le bois refuse les baisers. 
Le dieu lui dit : « Eh bien, puisque tu ne peux être mon épouse, 
au moins tu seras mon arbre ; toujours, tu serviras d'ornement, 
ô laurier, à mes cheveux, à mes cithares, à mes carquois. 

Tu accompagneras les généraux du Latium, quand une voix joyeuse 

chantera leur triomphe, quand le Capitole verra leurs longs cortèges. 

Tu te dresseras aussi, gardien fidèle, à l'entrée du palais d'Auguste, 

protégeant le portail orné en son milieu d'une couronne de chêne. 

De même que ma tête reste jeune avec sa chevelure intacte, 

toi aussi, laurier, porte comme un honneur un feuillage toujours vert. » 

Péan en avait terminé ; le laurier approuva de ses branches 

à peine formées et on le vit agiter sa cime 

comme un signe de tête.

 Ovide, Métamorphoses, livre I

 Trad. et notes de A.-M. Boxus et J. Poucet, Bruxelles, 2005

Représentation des lignes de force horizontales et verticales du tableau.

       Apollon est vêtu d’un drap rouge, enroulé autour de sa taille et flottant derrière lui, indiquant également une course effrénée. Il tient dans sa main un arc, celui avec lequel il a pu tuer le serpent Python, et sur sa tête une couronne de laurier est posée pour annoncer la fin de la légende et montrer l’éternelle jeunesse du Dieu. En mouvement de course, il est représenté avec sa jambe droite en l’air et sa main droite s'apprêtant à saisir la jambe de Daphné. Son regard semble indiquer sa surprise face aux feuillages apparaissant au bout des doigts de Daphné.

Une composition dynamique

          Le paysage de l’arrière-plan n’a rien d’antique, il rappelle les paysages de la région de Venise d’où est originaire le peintre. Le ciel crée une impression d’histoire en mouvement, comme si le soleil se couchait au niveau d’Apollon et que le crépuscule était déjà là, apparaissant au niveau de Daphné. Cette impression de mouvement est renforcée grâce aux différentes lignes horizontales et verticales qui créent du dynamisme.

Un pas plus loin ...

 Apollon et Daphné

 Le Bernin (1598 - 1680)

 1622-1625

 Marbre

 2,43 m

 Rome, Galerie Borghèse

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