
© Musée Guimet, Paris / Thierry Ollivier
Danseuse
Cette oeuvre est un dessin du XVIIIème siècle, d’un artiste inconnu. Elle appartient à l’art du livre en vogue à cette période en Inde. Son petit format nous permet de nous rendre compte de la précision des traits et de la finesse de l'artiste.
La technique utilisée est le noir de fumée aussi appelé noir de carbone. Il s’agit d’un résidu de carbone obtenu par combustion incomplète de matières organiques variées, comme le bois ou le charbon. Ce dessin a par la suite été retouché à l’aquarelle, apportant de la couleur à l’oeuvre.
Parures et Ornements des danseuses
La jeune femme est de profil, placée au centre du dessin, elle est debout et déambule sur une bande de verdure au sol. L’herbe est représentée par cinq bandes horizontales régulières, les touffes d’herbes apportent une symétrie au dessin également de par leur positionnement. Une profondeur est à relever aussi, par la perte de netteté dans l’arrière-plan.
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XVIIIe (Empire moghol).
Inde.
Dessin au noir de fumée retouché à l’aquarelle
15,8 x 9,5 cm
Paris, Musée du Louvre, inv. 35536-recto
La femme représentée est une danseuse indienne, comme le souligne la position de ses bras et de ses pieds. Son avant-bras gauche est en effet pointé devant elle et elle place son bras droit en recul. Ce mouvement souligne sa féminité et la finesse de ses doigts. Quant à ses pieds nus, on peut admirer la plante de son pied gauche, qu’elle dispose en pointe. Son pied droit reste ancré dans le sol. Le reste de son corps est dissimulé sous des couches de tissus fins : elle est vêtue d’un châle, d’un corsage court et d’une jupe flottante. La jupe reste l’élément qu’on admire le plus dans ce dessin puisqu’elle est évasée. On peut apercevoir les plis du tissu, qui suggèrent que la femme tourne sur elle-même dans un mouvement de danse. On ne sait pas toutefois si la danseuse prépare ou achève ce mouvement de danse. Mais ce qu’on sait d’après la posture et la tenue de la femme, c’est qu’elle danse le kathak. Il s’agit d’une danse traditionnelle indienne (nord de l’Inde), sacrée à l’origine, qui deviendra une danse de cour sous la dynastie moghole, au XVIème siècle. La femme représentée est probablement une femme de cour, comme l’insinue ses nombreux bijoux.
Le Kathak : une danse expressive
Le kathak repris du mot katha voulant dire histoire et kathakar celui qui raconte les histoires, apparaît comme une danse narrative. Il fait appel à un langage chorégraphique complexe s’exprimant par les gestes des mains, les mouvements des pieds, les positions du corps mais aussi les expressions faciales. À l’origine, des textes sacrés ou mythologiques étaient chantés et mimés pour pouvoir être transmis à un public d’illettrés. Les poignets effectuent des mouvements circulaires quasiment continus, les bijoux ont alors leur importance. Les bracelets de chevilles appelés ghungroo rythment les pas des danseurs. Les mouvements s’accélèrent petit à petit, en même temps que la musique. Bien souvent, des percussions et un sitar accompagnent les danseuses.

© Victoria & Albert Museum
Femmes dansant le kathak devant l’Empereur moghol Akbar
Kesav Kalan
Dharmdas
1590 - 1595
Aquarelle sur papier
32,9 x 25 cm
Londres, V&A Museum, inv. IS.2:16-1896
Un pas plus loin ...
L'art produit sous la dynastie moghol montre les influences musulmanes et persanes qui se mêlent aux origines hindoues.