
© Musée du Louvre / P. Philibert
Pierre Lepautre (1659 - 1744)
1703-1705
Marbre
128 x 57 cm
Paris, Musée du Louvre, inv. n° M.R. 1804
Atalante
Le mythe, selon Ovide
Atalante, fille de roi, bien que très belle et en âge de se marier, s’y refuse. Malgré tout très courtisée, la jeune femme au caractère sauvage décide de défier ses prétendants à la course : le vainqueur gagnerait le droit de l’épouser, mais les perdants seraient mis à mort. Hippomène, jeune et beau prince, ne comprend pas que des concurrents soient assez fous pour risquer leur vie à ce pari… Et pourtant, spectateur d’une course, il tombe lui-même sous le charme d’Atalante et bientôt, il la défi à son tour. Avant le départ, il implore cependant Vénus, déesse de l’amour, de l’aider : elle lui donne trois pommes d’or, qu’il devra lancer pendant la course pour distraire Atalante. Le stratagème fonctionne et vainqueur, il épouse la jeune femme. L’histoire ne s’arrête pourtant pas là : dans son bonheur, il oublie de remercier la déesse, provoquant sa colère. Celle-ci se venge du couple en métamorphosant les deux amants en lion et lionne…
Les coureurs de Marly
L’épisode de la course est celui qui inspire le plus les artistes. Cette ronde bosse est complétée par son pendant, représentant Hippomène, sculpté par Guillaume Coustou en 1714. Les deux sculpteurs s’inspirent de statues antiques : leurs deux œuvres sont destinées à orner le centre de bassins dans des bosquets symétriques du parc de Marly, seconde résidence du Louis XIV. Pour ces mêmes jardins, Guillaume et Nicolas Coustou sculptent Apollon et Daphné, qui font référence à un autre mythe des Métamorphoses d’Ovide et évoquent pareillement une poursuite amoureuse éperdue.
En plein élan
La suspension du corps d’Atalante évoque sa course : appuyée sur la pointe de son pied gauche, elle est penchée en avant, sa tête suivant le mouvement du bras droit, plié vers sa poitrine nue, tandis que son bras gauche balancé en arrière, le poing fermé, traduit sa prise d’élan. Elle est vêtue d’un chiton court au drapé très marqué qui suit les formes de son corps. Un poignard pend à son côté gauche, évocateur probablement de son activité de chasseresse ou encore des prétendants malheureux morts après avoir perdu leur pari. Ses cheveux sont tressés et attachés par un bandeau. Ses pupilles creusées confèrent un air de concentration mêlé de curiosité à son regard tourné au loin vers sa gauche.
En un temps, trois mouvements
Il faut observer Hippomène pour comprendre ce qui se joue ici : placé à sa droite, il tend le bras droit prêt à lancer la première pomme d’or, tandis que l’on devine les deux autres dans sa main gauche.

© Musée du Louvre / Tony Querrec
Atalante et Hippomène
Pierre Lepautre (1659 - 1704)
Guillaume Coustou (1677 - 1746)
1703-1705, 1714
Marbre
128 x 57 cm
Paris, Musée du Louvre, inv. n° M.R. 1804, M.R. 1810
Atalante est donc figurée à l’instant suivant, déjà distraite par la pomme : sa jambe droite suspendue à l’arrière est déjà moins haute que celle d’Hippomène, qui la regarde par derrière alors qu’il parvient à la distancer. La virtuosité des artistes se dévoile à travers le jeu d’équilibre des sculptures (consolidées par un tronc d’arbre sculpté à leur côté) ainsi que par la représentation de mouvements qui s’enchaînent subtilement pour retracer l’histoire mythologique.
Un pas plus loin ...
À l’occasion de l’exposition « Corps en Mouvement », Benjamin Millepied a été invité à porter son regard de danseur sur les œuvres du Louvre. Pour le chorégraphe qu’il est, ce ne sont pas les représentations de danseurs qui sont les plus inspirantes : au contraire, il voit dans la paire que forment Hippomène et Atalante « peut-être le plus beau pas de deux [Figure de ballet exécutée par deux danseurs, qui symbolise souvent l’amour d’un couple] du musée du Louvre ».